« H.P.B. - Pionnière de l'ère du Verseau »
C’est avec l’intérêt grandissant des dernières années envers les thèmes ésotériques et spirituels qu’une personne qui en avait répandu la semence au 19ième vit une renaissance : Helena Petrowna Blavatsky (1831-1891), appelée brièvement H.P.B. par ses amis. Bien plus important que les événements de sa vie sont cependant les traces de son activité spirituelle au service de Ceux à qui elle a consacré toute sa vie : les Mahatmas, également appelés les « Maîtres de la Sagesse ».
« Vers la fin du 19e siècle dernier le temps était propice et la sagesse décida de se rappeler elle-même à la conscience. Elle trouva un porteur suffisamment pur, transparent et rayonnant pour la réfléchir. Tel est le porteur que nous appelons. Par H. P. Blavatsky la sagesse pouvait atteindre les hommes au travers les maîtres de la sagesse. Rappelez-vous, que ce ne sont pas les maîtres qui donnent la sagesse. Ils agissent selon l’intention issue des centres supérieurs. Ils ont l’intelligence du temps, et de ce fait, la lumière sera transmise quand l’aube commencera à poindre pour l’humanité ». (Dr. K. Parvathi Kumar)
Travail de pionnier
L’œuvre littéraire immense de cette femme fascinante eut son point de culmination dans trois ouvrages, produits sous l’inspiration des Maîtres et qui ont posé la base des nouveaux enseignements de l’ère du Verseau : les volumes monumentaux de « Isis dévoilée » (1877), « La Doctrine secrète » (1888) et le fascicule « La voix du silence » (1889). Beaucoup connaissent les titres de ces œuvres, peu cependant pénètrent plus profondément dans l’océan du savoir qui se cache en eux.
H.P. Blavatsky provoqua par ses activités des réactions violentes, s’étendant de la vénération brûlante aux calomnies les plus fâcheuses. Ses ennemis les plus catégoriques venaient aussi bien des cercles ecclésiastiques que des cercles des spiritistes, dont les fondements se trouvaient pour tous les deux remis en question. Le but de Blavatsky n’était pas moindre que de donner un coup mortel au dogmatisme religieux en signalant les vérités spirituelles des enseignements éternels de sagesse et en les rendant accessibles à un grand public.
Néanmoins, l’intérêt énorme porté par de nombreux contemporains envers ses facultés surnaturelles et par les phénomènes psychiques en résultant, surtout aussi dans les cercles spirites, se révéla pour la plupart comme étant superficiel et rapidement passager. Peu étaient prêts à se soumettre aux règles sévères de la formation du caractère exigées par le chemin spirituel. Blavatsky mettait toujours l’accent sur le fait qu’il ne fallait pas suivre aveuglément ses enseignements même s’ils venaient des sources spirituelles les plus hautes, mais qu’ils devraient être soumis au feu de la propre connaissance et intégrées dans la propre vie.
Blavatsky savait que, selon le plan de la Hiérarchie spirituelle, son activité devrait former l‘avant-garde de la nouvelle ère, celle-ci sortant l’humanité de l’aveuglement du matérialisme et le conduirait dans une nouvelle vision spirituelle du monde. Chaque travail de pionnier exige de grands sacrifices et une aspiration inlassable.
Première rencontre avec le Maître
De nombreux récits attestent qu’Helena était déjà clairvoyante dès la plus tendre enfance et qu’elle disposait de dons psychiques innés. Elle décrivait dans tous les détails des événements passés depuis longtemps ou bien elle décrivait l’origine lointaine des choses de l’entourage. Elle avait des visions et faisait parfois le récit d’un homme de teint basané, de haute stature, qui lui prêtait assistance au cours de différents dangers ; les gens de l’entourage rejetaient ses descriptions la plupart du temps comme étant des rêves. Même si elle ne portait pas beaucoup d’intérêt à l’éducation conventionnelle, elle possédait un don prononcé pour la langue et la musique. Elle était une excellente cavalière et était très souvent dans la nature. Déjà dans sa jeunesse elle dévorait de préférence des livres sur les thèmes occultes qu’elle trouvait dans la bibliothèque de son arrière-grand-père : « Mon arrière-grand-père du coté de ma mère, le Prince Paul Vasilyevitch Dolgorukov, avait une bibliothèque étrange qui contenait des livres sur l’alchimie, la magie et d’autres sciences occultes. Dès ma 15ième année, je les lisais avec grand intérêt. »
Elle était une femme très courageuse, qui à partir de sa 18ième année parcourait seule les pays d’Europe, d’Amérique et d’Orient, poussée par une recherche intérieure profonde de la vérité et des sources cachées de la sagesse.
Elle écrivit dans les notices d’un carnet de voyage, avoir rencontré en Angleterre le 12 août 1851 « le Maître de ses rêves ». Elle raconta qu’un jour à Londres, elle vit un groupe de princes indiens dans la rue ; l’un d’eux était plus grand que les autres. Elle reconnut en lui son protecteur, qu’elle avait rencontré fréquemment dans le subtil depuis son enfance, et voulut se précipiter vers lui, mais un signe de sa main la fit rester au même endroit comme enracinée.
Le jour suivant, suivant une pression intérieure, elle alla se promener dans le Hyde Park et s’assit sur un banc ; soudain, elle crut rêver car le prince indien s’approchait d’elle à grands pas sur la pelouse. Il lui raconta qu’il était à Londres avec d’autres princes indiens pour une mission importante. Il continua en lui disant qu’il voulait la prier d’accorder sa coopération dans une grande œuvre pour l’humanité. Sans se faire beaucoup d’idées, elle accepta. Il la prévint cependant des énormes difficultés et des problèmes qu’apporterait ce devoir. Elle devrait réfléchir encore exactement ; si elle acceptait, il lui faudrait passer quelque temps au Tibet afin de se préparer à son rôle extraordinaire.
Depuis ce jour, la vie eut pour elle un nouveau sens ; elle savait surtout maintenant au delà de tout doute, que la silhouette qu’elle avait vue plusieurs fois dans les années passées, n’était pas une illusion mais réelle. Quelques années plus tard elle rencontra à nouveau son maître en Angleterre qui était venu comme accompagnateur d’un prince indien destitué. A cette occasion, il lui dit, comme elle l’a raconté, que sa destinée était en Inde, cependant seulement « dans vingt-huit ou trente années ».
Voyages, formation au Tibet
Elle essaya cependant déjà avant cette période de pénétrer au Tibet, mais sans réussite. Il était autrefois extrêmement dangereux de voyager dans les nombreuses régions qu’elle visitait, et encore plus pour une femme – l’Amérique du Sud, le Proche-Orient ,l’Extrême-Orient, différentes régions de Russie. Helena raconta plus tard qu’elle s’était déguisée souvent en homme lors de ses voyages.
Au cours de ses voyages elle prit contact avec des chamans et des magiciens indigènes. Les évènements extraordinaires et les bruits concernant ses facultés se répandirent la plupart du temps rapidement et de nombreuses personnes la consultèrent comme médium pour des contacts avec des morts. L’intérêt pour le spiritisme et pour les phénomènes surnaturels se répandant autrefois en Europe et en Amérique rencontra en partie une désapprobation violente dans les cercles religieux et les « autorités scientifiques ». Les uns y voyaient l’œuvre de Satan, les autres des désordres psychiques. Plusieurs essayèrent de mettre Helena à l’épreuve, elle donna cependant à de maintes personnes des échantillons des ses capacités authentiques. Elle se refusa néanmoins toujours à utiliser ses forces de façon commerciale, bien qu’elle ait souvent eu un besoin pressant d’argent et qu’elle vivait au minimum de l’existence ; pour subsister à son existence, elle entreprenait de temps en temps des petites activités en tant que dessinatrice publicitaire, dans le commerce du bois, comme correspondante d’un journal. Elle combattit en Italie comme soldat dans l’armée de Garibaldi. Dans une bataille elle eut le bras gauche cassé par un coup de sabre et elle fut grièvement blessée par des coups de mousquet à l’épaule droite et à la jambe.
Elle subit des crises lourdes, avec de grands combats intérieurs qui l’auraient parfois presque tuée, mais elle disait que par les crises de transformation, elle aurait acquis la maîtrise sur les forces psychiques inférieures, qui auraient auparavant en partie involontairement provoqué des phénomènes dans son entourage.
En 1867 elle suivit enfin l’appel de son Maître et se mit en route pour le Tibet et réussit cette fois à entrer dans le pays interdit. Elle vécut tout près de Shigatse, dans la maison du Mahatma cachemire Kuthumi Lal Singh (appelé K.H.) et eut fréquemment des contacts avec son instructeur, Maître Morya, avec lequel elle était depuis longtemps en relation. Elle se soumit pendant cette période à un entraînement intensif et se plongea dans les enseignements de sagesse de l’Orient. Maître K.H. lui fit apprendre le Senzar, l’ancien langage des prêtres ; il lui donna en guise d’entraînement de longs passages à traduire en anglais et s’entretint intensément avec elle en anglais, afin qu’elle puisse améliorer ses connaissances de langue pour sa mission future. Quelle performance pour une femme d’origine russe de composer une telle œuvre comme la Doctrine Secrète dans une langue étrangère! Son anglais est chargé d’énergie spirituelle ; les parties sublimes de ses livres ne sont pas rédigées à partir de l’intellect mais sur les bases de l'intuition.
Pendant tout ce temps Helena n’avait pas de contact avec le monde extérieur, en novembre cependant, avant qu’elle ne quitte le Tibet, Maître K.H. écrivit une lettre en français à sa famille, lettre dans laquelle il la priait de ne pas se faire de souci, car elle se serait retirée spirituellement avec des amis à un endroit éloigné sous la protection de Lord Bouddha. Elle reviendrait vers sa famille avant que « 18 nouvelles lunes ne se soient levées ». Cette lettre sans cachet de la poste et avec un signe étrange au lieu d’une signature fut remise à sa tante Nadyezhda par un inconnu asiatique qui - comme elle l’écrivit plus tard - « disparut devant ses yeux ».
A l’occasion du départ d’Helena, K.H. lui dit : « même si tu n’as pas appris grand chose des sciences sacrées et de l’occultisme pratique – et qui pourrait l’attendre aussi d’une femme – tu as au moins appris à parler un peu anglais. Tu le parles maintenant un peu moins mal que moi ! »
La Société Théosophique
Elle revint du Tibet en décembre 1870 ; elle voyagea dans différents pays d’Europe et du Proche Orient. Elle fonda en Égypte une société spirite, en vue d’éveiller l’intérêt des gens envers la recherche des lois psychiques – une tentative qui échoua peu de temps après. Et « 18 lunes plus tard », elle arrivait en Russie dans sa famille.
En Amérique, elle fonda avec H.S. Olcott, W.Q. Judge et quelques autres « La Société Théosophique » en 1875. Le nom « Théosophie » vient du grec et signifie « Sagesse des Dieux » ou « Sagesse divine ». Ce n’est pas une désignation moderne mais elle provient de Ammonius Saccas et de ses élèves, des philosophes alexandrins du troisième siècle. La Société Théosophique enseigne la fraternité universelle de l’humanité sans différence de races, couleur et croyance, en outre l’étude des écritures sacrées des différentes religions mondiales et la recherche dans la nature des forces psychiques et spirituelles cachées en l’homme.
Même si quelques uns montrèrent un intérêt envers les enseignements de la nouvelle société, H.P. Blavatsky se fit cependant de nombreux ennemis – non seulement dans les cercles ecclésiastiques ou chez les scientifiques matérialistes, mais surtout chez les spirites américains, car, même si elle disposait sans aucun doute elle-même de forces psychiques extraordinaires, elle considérait celles-ci comme forces de niveaux inférieurs. Elle ne se lassa pas d’expliquer et souvent directement sans diplomatie que les personnes et entités qui se montraient aux médias, étaient en règle générale des masques et enveloppes d’âmes qui s’étaient depuis longtemps élevées elles-mêmes à des niveaux supérieurs. Elle mettait en garde contre les visions et les dangers auxquels s’exposaient ceux qui osaient s’approcher des mondes supérieurs sans une formation rigoureuse de caractère.
Isis Dévoilée
A partir du printemps 1876 , Helena se consacra intensément à sa grande œuvre, Isis Dévoilée, dans laquelle elle donna sur l’ordre de son maître, une première clé aux mystères anciens et nouveaux de la science et de la religion. Elle écrivit dans une lettre à sa sœur Véra : « Je rédige Isis, c’est-à-dire, je ne rédige pas mais je copie et dessine ce qu’ils me montrent personnellement... Je suis assise avec les yeux ouverts et vois et entend selon toute apparence réellement et véritablement tout ce qui est autour de moi, vois et entend néanmoins simultanément ce que j’écris… Siècle pour siècle, image pour image émergent lentement du lointain et passent à côté de moi comme dans un panorama magique. »
Helena refusait catégoriquement d’être considérée comme un médium ; elle se différenciait des autres médias spirites dans la mesure où elle avait été spécialement formée comme médiatrice ou moyen de transmission par ses instructeurs, les Maîtres de Sagesse et spécialement pour la communication télépathique. Elle était lors de cette transmission télépathique absolument consciente et pouvait se souvenir exactement de ce qui avait été transmis.
Le livre parut deux ans après que H.P.B. ait commencé la rédaction de Isis Dévoilée. La première édition de mille exemplaires fut entièrement vendue en neuf jours ; du vivant d’Helena, l’ouvrage fut édité 14 fois. Bien qu’Isis ait subi un grand intérêt dans le domaine public et que de nombreuses personnes importantes aient commencé à s’en préoccuper, Helena sentit toutefois que peu étaient prêts pour une formation spirituelle rigoureuse selon les directives des Maîtres de Sagesse.
En Inde
C’est pour cela qu’en novembre 1878, sur les conseils de ses instructeurs, H.P.B. et Henry S. Olcott se mirent en route pour l’Inde, ils y trouveraient là un terrain préparé à leur activité.
Même si Helena était considérée de nombreux côtés comme anti-christ, elle avait cependant toujours souligné qu’elle n’avait rien contre les enseignements immortels de Jésus Christ, mais beaucoup contre la manière dont les églises chrétiennes les interprétaient. Par contre la puissance coloniale britannique en Inde n’était pas vraiment chrétienne, la doctrine chrétienne lui servait à se différencier des religions de ses sujets. Ainsi donc, les messagers de la nouvelle Société Théosophique qui préconisaient la profondeur des enseignements orientaux furent considérés comme un danger. Helena fut soupçonnée d’espionnage pour les Russes et au début prise en filature pendant des mois.
Peu de temps après leur arrivée en Inde, l’éditeur de l’hebdomadaire du gouvernement colonial « The Pioneer », A.P. Sinnett, parce qu’il portait lui-même intérêt aux questions occultes, contacta H.P.B. et Olcott. A la demande de Sinnett et en accord avec les instructeurs, une correspondance intense entre lui et les mahatmas sur des thèmes spirituels se développa dans les années suivantes, tantôt par les canaux normaux, tantôt par les canaux surnaturels. Les volumes des « Lettres de Mahatma » qui sont conservés en original au Musée Britannique présentent un aperçu détaillé de cette correspondance. Le mot « Mahatma » désigne simplement une grande âme, grande par son caractère sublime (par ex. Mahatma Gandhi). H.P.B. dit de ses instructeurs : « nous les nommons « Maîtres », parce qu’ils sont nos instructeurs et parce que c’est d’eux que nous avons reçu toutes les vérités théosophiques, quelqu’imparfaitement que d’aucun l’eurent compris ou exprimé. Ils sont des hommes de grande érudition, nous les nommons des initiés et d’une sainteté de vie encore plus grande. » (Clef de la Théosophie, p 201).
Le quartier principal de la Société Théosophique se trouvait d’abord à Bombay, mais fut cependant transféré à Madras en 1883. En 1882 Helena devint très malade et alla en premier lieu dans les montagnes des Nilgiri, en Inde du Sud ; de là elle fut cependant appelée par son maître à Sikkim, où plusieurs personnes essayèrent de l’accompagner, sans y avoir été invitées. Toutes ces personnes furent semées en route de façon mystérieuse, de telle sorte qu’Helena seule réussit à rencontrer son maître à Sikkim. Elle passa là deux journées merveilleuses en présence du Maître K.H., Maître M. ainsi que quelques élèves, et sa santé se fut rétablie.
Hostilités
La santé d’Helena empira quelque temps plus tard de telle sorte qu’elle partit en Europe pour un changement de climat. En son absence, se développa en Inde une conjuration perfide, sous la responsabilité d’une employée de maison qui se sentait injustement traité par H.P.B., avec des missionnaires chrétiens qui tentèrent par une lettre faussée de démasquer les forces occultes d’Helena en tant que charlatanerie. La « découverte » des combines soi-disant employées pour la matérialisation des lettres eut pour conséquence une série d’actions calomniatrices contre son intégrité morale et ses activités, qui furent enregistrées et diffusées avidement par la presse.
Ces attaques contre la Société Théosophique et sa personne rendirent la vie impossible à H.P.B. ; de nombreuse personnes qui s’étaient intéressées à la Théosophie se distancèrent. Fin 1884 elle retourna en Inde pour une dernière visite et y débuta en janvier 1885 son plus grand ouvrage, la « Doctrine Secrète ». Elle souffrit cependant fortement de l’atmosphère de soupçons et de rumeurs ; certaines personnes de ses confidents indiens les plus intimes insinuèrent qu’elle avait trahi l’enseignement noble des Maîtres à l’Occident et devrait maintenant en payer la facture – en oubliant qu’elle accomplissait l’ouvrage sur leur ordre. Elle savait que, malgré sa santé affaiblie, un grand travail se trouvait devant elle et elle accepta ainsi le conseil du médecin de retourner en Europe dans un climat plus doux.
La Doctrine Secrète
Après quelques mois en Italie du Sud, elle se rendit à Würzburg en Allemagne. Elle s’installa dans un petit appartement et se consacra intensément à la rédaction de la « Doctrine Secrète ». La Comtesse suédoise Constanze de Wachtmeister qui partageait l’appartement avec elle et s’occupait du ménage, lui fut d’une grande aide. Dans ses « Mémoires », la Comtesse décrit cette période et rapporte de nombreux évènements insolites.
En juillet 1886 Helena, sa sœur et sa nièce se rendirent à Oostende, plus près ainsi de l’Angleterre, où quelques fidèles compagnons lui rendaient visite de temps en temps. Le travail de la « Doctrine Secrète » se poursuivit malgré les douleurs physiques intenses. Fin 1886, son état de santé était si critique qu’elle était temporairement dans le coma et que sur les instances de ses amis, elle rédigea son testament. Pourtant, la « Doctrine Secrète » n’était pas encore terminée mais après une nuit où elle était sur le point de mourir et où les médecins l’avaient déjà condamnée, à la grande surprise de ses amis elle s’assit sur son lit, les yeux éveillés et dit : « le Maître était là, il m’a donné le choix entre mourir et être libre ou continuer la « Doctrine Secrète ». Il m’a mise en garde contre de grandes douleurs à venir ainsi que des tourments si je décidais de vivre. Cependant lorsque j’ai pensé à ces élèves sérieux qui attendent mon aide et à la société secouée par les tumultes, pour lesquels la « Doctrine Secrète » pourrait être une ancre… » Elle se fit alors donner de café et sa tabatière…
Elle céda aux instances de ses amis en mai 1887 s’établit à Londres où se poursuivit la rédaction de la « Doctrine Secrète ». Elle reçut un soutien actif pour la correction et rédaction de l’ouvrage auquel elle travaillait de nombreuses heures journellement ; le soir elle recevait des invités et leur parlait de thèmes théosophiques ou bien elle faisait des réussites - son occupation préférée, en compensation de longues heures de concentration.
Tous ceux qui lui étaient proches pendant la rédaction s’étonnaient de l’abondance de matériel qu’elle citait sans avoir les ouvrages à sa disposition. Helena écrivit un jour à A.P. Sinnett : » je vois tout comme dans un rêve. Je vois des rouleaux de papier, grands et longs sur lesquels sont écrits des choses et je les garde en mémoire. » Ses amis vérifiaient les passages cités dans les bibliothèques ou au Musée Britannique, même au Vatican. Les citations étaient exactes, souvent cependant les indications de page étaient à l’envers, c’est à dire, elle écrivait 321 au lieu de 123. Elle expliqua que cela venait de l’altération de la perception dans la lumière astrale.
De nombreux témoins observèrent que des annotations et des commentaires avec l’écriture du Maître K.H. apparaissaient la nuit , insérés dans l’ouvrage sur les manuscrits écrits dans la journée par H.P.B.
Les deux premiers volumes de la « Doctrine Secrète » furent mis sous presse en octobre 1888. L’œuvre fut une source d’inspiration pour de nombreux chercheurs, une porte aux niveaux profonds de l’existence. Beaucoup de ce que la science d’alors refusait et dont elle n’avait pas encore connaissance est compris dans l’ouvrage, par exemple des indices concernant la divisibilité des atomes ou des indications sur le développement initial de notre planète et de l’humanité. Cependant, beaucoup est difficile à comprendre pour le lecteur non éduqué - H.P.B. disait elle-même de la « Doctrine Secrète » : « Peu de cette génération la comprendront, mais le prochain siècle vivra le début de son adoption et appréciation. »
Le passage (Le décès)
Afin de permettre aux chercheurs un accès plus facile aux enseignements de la sagesse, elle écrivit en 1889 les deux volumes plus petits « La clef de la Théosophie » et « La voix du silence ». Elle créa une école ésotérique à l’intérieur de la Société Théosophique ; elle tenait absolument à l’harmonie de groupe pendant le travail de groupe ; celui qui s’engageait à observer les règles occultes et les brisait ensuite était exclu du groupe sans hésitation.
Bien que possédant peu, elle partageait cependant toujours avec les indigents. Parfois elle recevait aussi de l’argent de sources mystérieuses, qu’elle n’utilisait jamais pour elle-même mais pour des cas d’urgence spéciaux.
Le 8 mai 1891, elle rompit à Londres définitivement le lien à son corps physique.
La semence semée par les Mahatmas avec l’aide de H.P.B. poussa lentement dans les décennies suivantes. Un intérêt envers les enseignements de sagesse et une vision du monde spirituelle furent éveillés partout dans le monde en de nombreuses personnes. Une parmi elles était Mahatma Gandhi. Il raconte dans son autobiographie comment, sous l’influence des théosophes, il apprit à connaître la Bhagavad Gita et eut honte que ce bijou de la sagesse indienne ne lui était pas connu auparavant. « La clef de la Théosophie » de Madame Blavatsky éveilla en moi le désir de lire les livres sur l’hindouisme et m’éloigna de l’idée exigée par les missionnaires que l’hindouisme serait plein de superstition. »
Dans les années qui suivirent la mort de H.P.B., de nombreuses branches et séparations émergèrent de la Société Théosophique. Il y eut également de nombreuses altercations en ce qui concernait les « vrais » enseignements de sagesse.
La semence éclot
Deux femmes extraordinaires méritent une mention particulière, celles-ci ayant continué, sous l’inspiration de la Hiérarchie entre les années vingt et quarante du siècle dernier et chacune à sa manière l’œuvre commencée par H.P.B : l’Anglo-américaine Alice A. Bailey (1880-1849), qui écrivit 24 volumes sur la philosophie ésotérique ; et la russe Helena I. Roerich (1882-1954), épouse du célèbre peintre Nikolas Roerich, qui délivra au monde les ouvrages de la série sur l’Agni Yoga. A partir des activités de ces trois messagères de la Hiérarchie se sont formés de nouveaux groupes qui se consacrent aux enseignements de sagesse et à leur mise en pratique dans la vie quotidienne par le travail de bonne volonté.
Dans le livre « Le Mouvement Théosophique » le Dr K. Parvathi Kumar écrit : « Il n’est pas juste que nous disions que le mouvement théosophique a commencé avec H.P. Blavatsky (Madame Helena Petrowna Blavatsky). H.P.B. a introduit seulement une époque, un mouvement de la Théosophie. L’homme reçoit périodiquement l’occasion d’entrer dans la sagesse divine et de reconnaître par là sa propre identité. L’identité de chaque être est qu’il est un fils de Dieu. Au travers des cycles du temps l’homme oublie qu’il est un fils de Dieu et d’autre part par les cycles du temps, on lui rappelle qu’il est un fils de Dieu. Le temps nous apporte la sagesse par cycles. Le mouvement théosophique qui nous fut apporté par H.P. Blavatsky est un tel cycle de temps qui nous est connu. Nous devons pour cette raison lui être reconnaissants.
Le Maître Tibétain était pour H.P. Blavatsky instructeur et guide. On part du principe que la semence de l’œuvre monumentale la Doctrine Secrète fut principalement complétée par le Maître D.K., et à l’occasion aussi par le Maître K.H. Depuis 100 ans, c’est le Maître Tibétain qui principalement dirige le mouvement théosophique. Il travailla avec H.P. Blavatsky afin de briser l’orthodoxie et la superstition de la religion et de la science. Plus tard, c’est le Maître D.K. qui transmit la sagesse initiale par A.A. Bailey, afin de développer des groupes et de les former à la réception des énergies de Verseau.
Actuellement grâce à son travail constant au travers des disciples, 3000 groupes en Occident travaillent pour différents buts de haut niveau. Maître D.K. élabora les pensées semences fondamentales provenant de Maître CVV au travers de ses enseignements, qu’il transmit à Alice A. Bailey. Il n’est pas étonnant que l’énergie du Verseau qui fut amenée dans notre système par Maître CVV (un initié avancé de l’Ashram de Jupiter), a été reçue et répartie dans les groupes spirituels qui travaillent sous l’inspiration de Maître D.K. et de la Hiérarchie. »
Ainsi la semence de l’ère du Verseau éclot lentement par les enseignements de sagesse.
Références bibliographiques:
- Helena P. Blavatsky: The Key to Theosophy. Theosophical University Press Online Edition, www.theosociety.org
- Dr. K. Parvathi Kumar: The Theosophical Movement. Visakhapatnam, Dhanishta-Edition, 1996.
- Sylvia Cranston: H.P.B. The Extraordinary Life and Influence of Helena Blavatsky. Founder of the Modern Theosophical Movement. New York, C.P. Putnam’s Sons, 1993.